En février 2020, un tournant décisif a bouleversé le destin de l’Afghanistan : les États-Unis signaient un accord historique avec les talibans, à Doha, sans l’implication directe du gouvernement afghan. Ce traité, présenté comme une avancée vers la paix, a en réalité précipité le pays dans l’abîme. Derrière les déclarations diplomatiques, tout sonnait faux. Et les conséquences, elles, furent bien réelles.
Un accord sans Kaboul
L’un des aspects les plus controversés fut le fait que les États-Unis ont choisi de négocier directement avec les talibans, en contournant totalement les institutions afghanes. Le gouvernement de Kaboul, pourtant officiellement soutenu par l’Occident depuis près de vingt ans, s’est vu marginalisé, humilié, discrédité.
En acceptant le retrait de leurs troupes en échange de promesses vagues, les Américains ont offert une reconnaissance politique inespérée aux talibans. Sans garanties concrètes. Sans véritables mécanismes de contrôle. Juste des mots.
La libération des 5 000 prisonniers : un cadeau empoisonné
Parmi les mesures les plus inquiétantes de cet accord : la libération de 5 000 prisonniers talibans. Présentée comme un geste de bonne volonté, cette décision s’est révélée être un accélérateur de l’effondrement. Ces combattants aguerris n’ont pas réintégré la société civile — ils ont rejoint les rangs insurgés, mieux organisés, mieux préparés. Et avec le soutien discret mais constant du Pakistan, ils ont repris en main le pays… en quelques semaines.
Un processus de paix inexistant
Malgré les apparences, il n’y a jamais eu de véritable volonté de paix. Les pourparlers n’ont abouti à rien. Les attentats ont continué. Les assassinats ciblés aussi. L’instabilité s’est aggravée. Et au final, tout ce qu’on a vu, c’est la mise en scène d’un échec maquillé en succès diplomatique.
Le peuple afghan, lui, a observé ce manège avec amertume. Il n’a jamais été consulté. Jamais représenté sérieusement. Juste laissé de côté, une fois de plus.
Une accumulation de mensonges — un théâtre cynique
Soyons honnêtes : cet accord, ce retrait, ce soi-disant « processus de paix »… tout cela n’était qu’une accumulation de mensonges et de calculs politiques. Un enchaînement de décisions prises sans sincérité, sans transparence, sans considération réelle pour le peuple afghan.
L’Afghanistan n’a jamais été la priorité. Il n’était qu’un décor, un théâtre de mises en scène diplomatiques, un terrain de manœuvres géopolitiques, où les puissants ont joué leur partition pendant que les Afghans subissaient les conséquences.
On a parlé de paix. Mais aucune paix n’a été construite.
On a promis la sécurité. Mais c’est l’insécurité qu’on a laissée derrière nous.
On a prétendu défendre les droits humains, alors qu’on a refermé les portes sur un régime autoritaire.
Tout sonnait faux. Et derrière les caméras, les vraies décisions se prenaient ailleurs — avec d’autres priorités, d’autres intérêts.
L’opium comme moteur silencieux de la guerre
Pendant ces années, le commerce de l’opium n’a jamais cessé. Bien au contraire : il s’est intensifié. Il a permis aux talibans de s’armer, de se financer, de s’étendre. Et cela, avec la complaisance silencieuse des forces étrangères. On a promis d’éradiquer la production. Mais les hectares cultivés ont augmenté. Les routes du trafic ont été protégées. Les profits se sont envolés.
Et les acheteurs ? Ils n’étaient pas à Kaboul, mais à Londres, Paris, New York.
Cette économie parallèle n’était un secret pour personne. Elle arrangeait trop de monde. Une hypocrisie flagrante, un silence complice.
Une paix pour les caméras, pas pour le peuple
À l’approche des élections américaines, il fallait rendre des comptes, clore les “guerres sans fin”, rapatrier les troupes — et peu importe le prix. Ce retrait précipité n’était pas une fin de guerre, c’était une fuite organisée.
Les talibans n’ont pas gagné parce qu’ils étaient plus forts. Ils ont gagné parce qu’on leur a ouvert la porte, parce qu’on leur a donné ce qu’ils voulaient. Et aujourd’hui, ils gouvernent un pays détruit, avec les mêmes visages que ceux d’il y a vingt ans, alors que la jeunesse afghane, elle, se retrouve sans avenir.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, les femmes n’ont plus de droits.
Les enfants n’ont plus d’école.
Les voix libres sont réduites au silence.
Et ceux qui ont cru en un futur démocratique sont traités comme des traîtres ou des fuyards.
Ce qui s’est passé en Afghanistan est un échec collectif, une honte diplomatique, un abandon humain. Mais ce n’est pas une fatalité.
Entre mémoire et avenir
Face à tout cela, il nous reste notre mémoire.
Notre culture. Nos racines. Notre lucidité.
C’est là que se trouve notre force. Dans la transmission. Dans la parole. Dans la vérité. L’Afghanistan ne se résume pas à la guerre. Il est aussi terre d’art, de poésie, de philosophie, de spiritualité, de dignité.
Pour les jeunes de la diaspora, il est temps de se réapproprier cette histoire. Non pas pour pleurer, mais pour comprendre. Non pas pour se replier, mais pour construire.
Entre enracinement et ouverture.
Entre lucidité et espoir.
Entre mémoire et avenir.




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